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Récentisme, supercherie ou révolution ?

Il est évident que l’histoire est infestée d’erreurs, de malentendus ou encore de fautes volontaires, car il y a des choses historiques qui échappent à l’homme contemporain. Par nature, la vision qui nous est proposée est, de fait, une vision singulière qui ne prend pas en compte le temps. Le passé et le futur, étant des états hors contextes concrets, ne sont que l’effusion de la causalité exprimée par notre raison. En d’autres termes, le passé et le futur n’existent que dans notre tête (objectivement parlant et non matériellement parlant). Pour ce qui est du futur, il ne peut pas être vu, mais peut être aperçu à travers un raisonnement logique incluant connaissance et dialectique menant à une conclusion (le futur) qui souvent se voit à côté de la plaque. Par contre, le passé, quant à lui, peut être perçu, non de manière empirique (comme si l’on voyait une rue animée de la même manière qu’elle l'était un jour avant), mais à travers les traces que le passé laisse. Cela s’appelle de l’archéologie, mais pas seulement, car il y a des tas d’autres disciplines qui mêlent découvertes avec fouilles telles que la diplomatique (étude des documents officiels), la numismatique (étude des monnaies), etc. Mais même avec tout cela, l’erreur est probable. Mais comment connaitre l'erreur? La réponse, les récentistes prétende la connaitre. 

 

Le doute comme moteur

Le doute s’installe donc dans le cœur de certaines personnes qui pensent percevoir la faille dans la fameuse science humaine : l’histoire. Cette faille se fait voir dans « la faible quantité de logique qui se trouve dans cette science » dit l’un des récentistes. Ces personnes affirment que la discipline scientifique que les universités apprennent aux élèves, aux futurs historiens, n’est pas construite selon un programme digne d’une science et que la plupart des demandes scolaires sont la soumission totale de l’esprit critique au détriment de documents légitimés à travers l’acceptation collective des autres scientifiques et du sens commun. C’est-à-dire que le futur historien apprend à ne jamais créer d’incohérence logique qui pourrait détruire la noble chronologie admise. Il est strictement interdit, sous peine de voir toutes ses études s’envoler en perdant toute autorité scientifique, de dire des choses qui détruiraient la chronologie proposée. Le sens critique provenant de la logique n’est donc pas autorisé s’il est contre l’idéologie historique dominante. Ces affirmations sont dites par Anatoli Fomenko, mathématicien et académicien de l’académie des sciences de Russie, qui a depuis réécrit l’histoire avec sa nouvelle chronologie, et qui fut l’un des premiers à remettre en cause l’histoire.

Cette chronologie est très controversée, car, hormis le fait de tout chambouler dans la suite des évènements, il réduit également toute l’histoire. Il prétend que la chronologie actuelle, qui avait été proposée au XVIème siècle par Joseph Juste Scaliger, est totalement fausse. Le principe est simple, avant tout, il y a le doute.

Les arguments proposés pour revisiter l’histoire sont les suivantes : les répétitions historiques dues à une mauvaise manipulation littéraire des documents et à un manque de logique pour comparer et relater les événements. Effectivement, il arrive souvent qu’un fait soit écrit par plusieurs pays différents en plusieurs langues différentes. Certains de ses événements sont difficilement comparables, car la forme du discours des choses telles que le pays, les noms des personnages et des lieux, les dieux, la culture, etc. ne sont point semblables. Et donc, il est possible d’arriver à constater deux histoires, voire plus, indépendantes l’une de l’autre qui relatent l’histoire de plusieurs personnages différents, vivant dans des pays différents portant des noms différents, ayant un nom différent et des dieux différents, ayant une culture différente, être en réalité un unique personnage. La forme change, mais pas la substance de l’histoire. Et cela est le principal argument contre la science historique actuel.

Les historiens ne prennent pas en compte qu’il peut arriver qu’un seul fait puis être écrit de plusieurs manières différentes dans des époques différentes à un tel point que ces différences semblent décrire plusieurs faits différents. Il est facile de se l’imaginer : L’Allemagne peut se dire « Deutschland » et aussi « Germanie ». Si l’on prend le nom de Charles, on peut aussi le convertir en, « Carolus » et « Karl ». Ensuite, si un pays relate la vie, d’une manière particulière avec un style littéraire propre à son pays, de se Charles en Allemagne faisant certaines choses extraordinaire et qu’ensuite un autre pays, quelques décennies plus tard, décide de parler d’un certain Karl faisant les mêmes choses avec une culture proche du leur, avec leur dieux pour expliquer les miracles et les exploits, mais cette fois-ci, en Germanie avec un style littéraire différent, et qu’ensuite d’une manière diverse l’on parle d’un Carolus en Deutschland, penseriez-vous que, si les écrits sont retrouvés 500 ans plus tard, les historiens pourront comprendre que ces trois personnages sont le même ? C’est ce que Fomenko réfute. Car, il prétend, que les historiens vont proposer trois histoires différentes en faisant de l’Allemagne, de la Germanie et du Deutschland trois pays différents et faire également de Charles, de Karl et de Carolus trois personnages différents. Ces histoires seront mises dans les chronologies historiques par les historiens qui penseront entrevoir trois événements différents et ainsi rallonger l’histoire. Surtout qu’il arrive, parfois, pour pas ne dire souvent, que les noms des héros ou des rois, ne sont pas connus en terres étrangères et que par ce fait, les étrangers inventeront un autre nom pour parler de ces héros ou de ces rois. Il va même prétendre que les historiens ont déjà fait cette erreur plusieurs fois et que certains personnages célèbres ont été double et donc sont les mêmes.

C’est comme ça qu’il voit la chronologie actuellement proposée, car, avec des données mathématiques, en convertissant tous les faits des histoires jugés semblables par des courbes statistiques, il arrive à montrer sur graphique le tracé de chaque événement. Chaque tracé est jugé normalement, selon Fomenko, unique, mais il arrive que ces tracés se superposent de manière déconcertante sur d’autres événements renvoyant la conclusion que se sont un même événement alors qu’historiquement parlant se sont deux événements totalement indépendants. Ainsi, avec certaines dynasties royales, il remplit une grille où il nota l’âge des rois quand il prit le trône, combien d’année sont-ils restés sur le trône, combien de frère et de sœurs ont-ils, à quel âge ses parents sont-ils morts, combien d’enfants, etc. (une trentaine de critères différents), et ainsi noter cela pour tous les rois d’une dynastie et le faire ensuite sur d’autres dynasties. Puis, il compara les dynasties entre elles et constata qu’il y a énormément de dynastie ayant un tracé graphique identique, ce qui est totalement absurde, car le taux de probabilité pour qu’une dynastie soit semblable à une autre est de 1 sur 100 000 000, et là, plusieurs dynasties sont ces « 1 ».  Et ainsi, le doute est né au sein de certains.

Comme toute science, le doute, le questionnement, la remise en cause et surtout l’investigation de le faire est mal vue, mais, en même temps, est aussi souvent porteur de « révolution ». Pourrait-il, avec son scepticisme de l’histoire, la remettre en cause et soulever une nouvelle armée de militants se battant contre la pensée traditionnelle de la discipline historique en espérant voir naître de nouvelles découvertes ? C’est en tout cas ce qu’il y a lieu un peu partout dans le monde et ce mouvement s’appelle : le récentisme.

Récentisme, supercherie ou révolution ?Récentisme, supercherie ou révolution ?

L’assentiment du récentisme

Ce courant est devenu tendance dans certains endroits. La plupart des militants ne sont pas historiens, mais sont tous tout de même bien informés sur l’histoire. L’histoire s’apprend à travers des livres, et tout le monde sait lire. Les seules choses qui diffèrent entre les historiens et les récentistes sont la manière d’être affectée par les événements et la manière de se lancer dans la recherche de ces événements. Les historiens reprochent aux récentistes le manque de professionnalisme, car ils n’ont pas les diplômes requis pour porter de tels discours et donc sans les connaissances adéquates pour parler de tels sujets, et les récentistes reprochent aux historiens de manquer de logique et de trop s’attarder sur des documents écrits sans remettre en cause ces derniers. C’est en tout cas l’avis de l’un d’entre eux. Fréderic Mariez est un militant du récentisme qui maintient certains propos pertinents sur l’histoire du moyen-âge concernant le matriarcat. Bien que ces propos soient pertinents, car séduisants, elles ne sont pas « prouvées » (et surtout pas accepté). Ainsi, il est nécessaire de comprendre que les nouvelles théories proposées par ces récentistes, qui condamnent l’histoire à n’être qu’une géante fiction, sont également peut-être une fiction. Cependant, certaines théories récentistes sont impossibles à réfuter, bien qu’elles soient totalement révolutionnaires, par manque d’arguments et de preuves contredisant les dires de ces nouveaux historiens.

Fréderic Mariez construit son histoire, comme il le dit, en regardant la pierre et non la feuille. Car pour lui, les documents officiels peuvent être falsifiés pour soit cacher une vérité ou soit par maladresse. Il s’avère, effectivement, que l’histoire a connu certaines fallacieuses découvertes par certaines personnes, ce qui laisse penser que d’autres existent, mais qui ne sont pas encore découvertes. Les plus connues de ces falsifications sont la donation de Constantin et les écrits d’Ossain.

Lorenzo Valla, un humaniste de la renaissance, un érudit, constata que la donation de Constantin, qui devait être écrit en latin antique, car Constantin provient de l’antiquité, était en fait écrite en latin médiéval, ce qui n’est chronologiquement pas logique. Ainsi il montra que les textes dits légitime et officiel peuvent être faux. Ou encore les écrits d’Ossian qui eut énormément d’influence sur le courant romantique qui domina l’Europe à ce moment-là, alors qu’il s’avère être une supercherie. Ces deux cas, qui ne sont pas isolés, sont deux cas de figure, qui montrent l’impact historique important, que les falsifications peuvent provoquer. Bien que je ne remets pas en question, car je ne suis pas qualifié, la donation de Constantin, il s’avère que celui qui est actuellement au Vatican est logiquement incorrect. Il se peut qu’il ne soit que la copie du vrai qui s’est perdu à travers le temps, si vrai il y a eu. Cependant, cela montre aussi que l’histoire peut avoir été influencée par des erreurs, volontaires et/ou involontaires.

Ces exemples montrent combien il est parfois difficile de juger toute l’histoire sur des documents et qu’il est important d’avoir à côté de cela des choses concrètes, telles que des artefacts, des objets, des gravures, des découvertes archéologiques, etc., c’est-à-dire la pierre, permettant de lier les faits sans quoi, il n’est impossible de considérer un tel fait, objectif. Ainsi, Fréderic Mariez s’appuie bien plus sur la pierre que sur le papier. Cependant, la pierre peut-être aussi falsifiée, plus difficilement, mais possible. Un artefact peut être fait par n’importe qui, et surtout par des orfèvres, des gravures également, etc., mais un temple, une ville entière, etc. c’est un peu plus difficile.

C’est pourquoi il est nécessaire de porter un jugement sceptique à la chronologie historique proposée par la communauté scientifique, non pour refuser leur discours, mais pour revisiter ce qui n’a pas été revisité depuis longtemps, c’est-à-dire l’histoire même. Le but de la critique des sources, c’est justement de faire apparaître la vérité, qui se trouve dans le passé, en plein présent. Et pour cela, il faut oser se déplacer dans les points de vue même les plus reculés pour avoir un champ visuel plus objectif. Par conséquent, le récentisme, hormis d’être un courant de pensée, est également, par un sentiment profond, la cause d’un besoin légitime et objectif de critiquer l’incritiquable, c’est-à-dire la chronologie historique.

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