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Le fantasme archaïque dans la pensée moderne

Il y a certaines choses de plus sublimes dans l’éloge du paganisme que dans l’éloge de la modernité. Nombreux sont ceux qui décèlent une lueur de bonne espérance humaniste dans le paganisme et en même temps une lueur de désespoir dans la modernité. Je ne parle pas de ce paganisme péjoratif qui désigne ceux qui n’ont pas la foi en Dieu ou ceux qui ont été persécutés pendant l’inquisition, mais je parle de celui qui reliait l’homme avec la vertu. Pour ce qu’y est de la modernité, il suffit de regarder par la fenêtre pour comprendre que la seule chose qu’elle propose, c’est de se laisser manger par les vices.

Effectivement, dans le paganisme, il y a ce brin d’archaïsme qui depuis sa mise à mort reste toujours un fantasme pour l’être humain. Il est certain que lorsqu’il fut guillotiné par la raison barbare de l’homme, le paganisme emporta également, dans sa mort, l’amour pour la vertu, et surtout sa loyauté envers celle-ci.

La philosophie de l’Antiquité était une philosophie de la sagesse tournée généralement vers le bonheur. Elle était traditionnelle et elle ne subissait, à travers les âges, aucun changement. La raison étant que la philosophie des Grecs était avant tout une pratique ; l’on ne pouvait être philosophe si l’on ne pouvait vivre comme tel. Le principe même de la philosophie antique n’était donc pas de chercher de nouveau discours ou de théoriser le monde, mais bien au contraire, elle s’abstenait de le faire, et cherchait plutôt à perfectionner l’âme vers un idéal, vers la sagesse, à travers l’amour des vertus, par la bonne action. Cette discipline se pratiquait à travers des dogmes, c’est-à-dire des lois qui sont imposées à l’initié non comme une sorte de force extérieure imposant sa domination, mais plutôt comme une force intérieure exprimant une volonté, c’est-à-dire que les dogmes étaient le résultat d’une longue dialectique, qui se pratiquait donc à travers une légitimité objective.

Cette philosophie avait énormément plu aux Romains qui, vers le Ier siècle av. J.-C., décidèrent de la porter comme idéal. À vrai dire, les Romains étaient tellement fascinés par la culture grecque qu’ils avouèrent voir celle-ci culturellement supérieure à leur propre culture et à toutes les autres cultures. Donc, les intellectuels romains, et pas seulement qu’eux, étudièrent et parlèrent le grec ancien. Le grec était devenu la seconde langue officielle de Rome. La philosophie se faisait seulement en grec (faire de la philosophie en latin vint après longtemps). Par cette fascination, les Grecs éduquèrent les Romains à leur philosophie doctrinale. C’est ainsi que le stoïcisme domina Rome.

Au début du IVe siècle, quand les plus illustres sages chrétiens commencèrent à façonner un nouvel empire, ils tinrent tous à leurs chevets, hormis les textes sacrés, les écrits de grands philosophes de l’Antiquité. Certains de ces sages ont fortement contribué à la construction de l’idéologie chrétienne. La fabrication de l’Empire chrétien, que cela soit géographiquement, politiquement, historiquement, philosophiquement, culturellement et rituellement n’est que l’héritage du paganisme laissé par leurs ancêtres qui vivaient en leurs lieux bien avant eux. À vrai dire, tout le système chrétien, du début de sa mise en place jusqu’à nos jours, n’est que le continuum du paganisme, la relève du paganisme.

Le but des premiers fidèles du christianisme fut de convertir la sagesse antique en sagesse chrétienne. De Platon aux stoïciens tout passait à la moulinette idéologique. Reprendre d’anciennes formules pour les convertir en nouvelles. Il fut même un temps où les premiers Saints avèrent une sorte d’idéologie hybride qui mélangeait à la fois sagesse antique avec sagesse chrétienne, telle Boèce et avant lui, Saint Augustin d’Hippone. L’archaïsme antique devient donc de plus en plus acceptable au fur et à mesure que le temps convertissait la pensée païenne en une pensée chrétienne. Les dogmes laissés par leurs prédécesseurs pouvaient s’appliquer dans la vie quotidienne seulement s’ils étaient tournés vers Dieu, à un tel point où la manière de vivre païenne était devenue la manière de vivre chrétienne ; seule la forme du discours changeait.

Quand on regarde le Nouveau Testament, on y voit un texte spirituel permettant au lecteur de se laisser guider vers la bonne morale et donc vers Dieu. Ce guide est écrit à travers la vie de Jésus. Sa manière de vivre était semblable à celle des premiers philosophes grecs. Le rapprochement fut donc assez simple : pour vivre en homme bon, il faut pratiquer une bonne vie et donc s’initier à la philosophie. Ainsi, les chrétiens commencèrent à comprendre leur manière de vivre à travers les Évangiles, mais aussi à travers les textes philosophiques. C’est donc par cette voie que la philosophie antique et la philosophie chrétienne fusionnèrent.

Puis, à ce moment, dans les Évangiles, il n’était point écrit comment louer correctement Dieu et son fils Jésus, comment prier, comment faire un rituel, comment se comporter dans un rituel, etc. Les premiers à se pencher sur la question furent ces hommes chrétiens imprégnés de l’héritage gréco-romain. À la même grandeur des temples païens, les chrétiens décidèrent de construire leur propre temple : l’église. La position d’invocation divine, qui est celle des deux mains ouvertes et tendues devant soi en regardant le ciel, provient de la position d’invocation divine païenne. Saint Augustin quant à lui théorisa la centralisation d’un état chrétien, qui devint par la suite le Vatican, à la même manière que l’Empire romain fut centralisé. Tout le système chrétien n’est qu’un géant copier-coller du système romain.

Fresques paléochrétienne dans les catacombes au style iconographique romainFresques paléochrétienne dans les catacombes au style iconographique romain
Fresques paléochrétienne dans les catacombes au style iconographique romainFresques paléochrétienne dans les catacombes au style iconographique romain

Fresques paléochrétienne dans les catacombes au style iconographique romain

Pour comprendre comment une religion monothéiste pouvait avoir un Dieu et aussi son fils, il a fallu s’inspirer des théories philosophiques grecques laissées par Platon, Aristote, etc., et ainsi expliquer que le fils et Dieu ne font qu’un à travers une dialectique de l’idéal. Car tout ceci n’était point écrit dans les Évangiles. Cela a été le rôle de l’Église d’établir tout ce que les Évangiles ne disaient point.

Au IXème jusqu’au XIIème siècle, pendant qu’en Orient les musulmans rentrèrent dans un âge d’or de la philosophie et de la science avec Fârâbî, Avicenne, Averroès, etc. en Occident, par contre, la décadence chrétienne commençait à se préparer. Il faudra attendre bien sûr encore quelques siècles avant qu’on puisse voir quelques signes de la fin de l’ère médiévale, mais comme pour l’Empire romain, la décadence ne fut pas soudaine, mais lente, agonisante.

Le christianisme avec le temps avait laissé de plus en plus la philosophie antique de côté pour faire place à l’autorité pontificale au lieu de la bonne morale. La belle morale du christianisme naissante avait péri en même temps que la vertu. Mais les nobles, les intellectuels de cette époque, contrairement aux décisions prises par l’état pontifical, qui commençait à s’immiscer dans le vice, commencèrent à éprouver une nostalgie de la bonne valeur et donc décidèrent de « ressortir les vieux dossiers ». Surtout quand la science naissante devint de plus en plus difficile à retenir.

Pendant ce temps, les préparations de la décadence étaient déjà prêtes. Les croisades débutèrent au XIème siècle et l’inquisition au XIIème siècle. L’envie de « pouvoir » et l’envie de « contrôle » marquèrent le début de la fin. C’est quand l’homme s’est éloigné de la philosophie païenne pour faire place à une philosophie nouvelle fondée sur la légitimité de l’extrême radicalisme que la fin d’une grande époque débuta.

Après plus d’un millénaire de christianisme, ce fantasme archaïque devint de plus en plus nostalgique au fur et à mesure que les hommes devinrent de plus en plus vicieux. L’époque de la sagesse chrétienne avait disparu depuis belle lurette. Jusqu’au jour où tout reprit : l’ère de la Renaissance. Le thème de l’Antiquité redevint une mode. L’architecture, le style littéraire, la sculpture et même la politique avaient un gout d’Antiquité. Comme si le monde était retourné en arrière en étant conscient de son avancée. Il n’y avait pas de doute pour les hommes et les femmes de cette époque : le monde était enfin à son apogée. De nouvelles disciplines naquirent, les érudits commencèrent à jouer le jeu du « qui trouve quoi » et se lancèrent dans l’aventure de l’authentification (ils analysèrent tous les objets antiques pour authentifier la vraie valeur de ceux-ci), de l’exploration (l’archéologie naquit à cette époque). L’Antiquité n’avait jamais été aussi tendance que pendant la Renaissance.

Les premiers humanistes (les intellectuels de la Renaissance) s’appliquèrent avec plus de dynamique sur les textes antiques à un tel point que l’intellectualisme de cette époque était un nouveau reflet de la pensée gréco-romaine. La Renaissance fut donc un moment clé dans l’histoire humanitaire, car c’est à ce moment-là que, après presque un millénaire, l’on retrouve la pure philosophie païenne, celle qui inspira les premiers chrétiens à bâtir l’empire pontifical et tout son système, ses rituels, etc. Cette fois-ci, les intellectuels n’iront plus donner cette connaissance au profit d’un tiers, mais au lieu de cela, ils iront s’en emparer. Débuta donc l’ère des Lumières.

L’ère des Lumières fut l’époque la plus politiquement et socialement révolutionnaire. Le christianisme, le nouvel humanisme et la science se complémentèrent d’une manière à faire naitre un nouvel esprit. Ce fut le début de l’« esprit moderne » ou tout ce qui était nouveau, contrairement aux époques précédentes qui commandaient fermement le nouveau (où ils mettaient au même niveau le génie, c’est-à-dire cet esprit de changement, de renouvellement, de révolution et la folie, c’est-à-dire cet esprit confus, abstrait et insensé, au même niveau), était accepter. La mode n’avait jamais été aussi appréciée. Toujours avec un pied dans le puritanisme chrétien, et l’autre pied dans le progressisme moderne. Les grandes personnalités de cette époque aimèrent fortement les beaux jardins, les beaux accessoires, les beaux costumes, les parfums, etc. Et donc, naquit aussi cet esprit de reconnaissance social où l’identité d’un être était construite selon ses gouts et ses possessions.

Pendant ce temps, dans les universités, les bibliothèques et dans des endroits clos, des intellectuels s’initièrent à écrire d’une nouvelle manière. La critique de l’Homme, de Dieu et du Monde commencèrent à naitre. Non critiquer pour écraser, mais critiquer pour mieux comprendre. Les bas de page de tous les philosophes étaient la plupart des références de Grecs et de Romains de l’Antiquité. La nouvelle connaissance n’était que la découverte de l’ancienne pensée ou plutôt la nouvelle connaissance était la découverte du « comment penser » ancien. La théorisation de la politique, c’est-à-dire la république, la démocratie, l’aristocratie, etc. étaient des concepts recopiés des anciens concepts politiques, modelés à la nouvelle manière de vivre et aux nouvelles technologies (et donc aux nouvelles attentes) ; les concepts de la nature sociale et la nature humaine étaient la finalisation des pensées antiques ; la conceptualisation de l’entendement humain, de la connaissance, de la nécessité, de l’essence, de la forme, de toutes choses fut également inspirée par les écrits des auteurs antiques. Aucune nouvelle connaissance, a proprement dit, n’a vraiment vu le jour pendant le Siècle des Lumières. Tout était une mise à jour des anciens écrits.

Le paganisme, cette manière de relier l’homme à la vertu était devenue la Vérité. Il eut même des endroits où une nouvelle monarchie naquit : le despotisme éclairé, c'est-à-dire un despotisme où les rois aimaient son peuple à un tel point de changer toutes les anciennes règles, tradition pour être plus « humanistes ». Tous les rois voulurent être vertueux, certains le firent de meilleures manières que d’autres. 

Et ensuite, après quelque temps, certains hommes plus émérites que d’autres ne pouvèrent tout simplement pas être laissés dans l’indifférence, tels que Thomas Hobbes, John Lock, David Hume, Adam Smith, Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, etc. Ils furent tous les précepteurs des révolutionnaires américains qui en 1775 osèrent se dresser face à leurs supérieurs, les Britanniques et des révolutionnaires français qui en 1789 prirent la bastille et guillotinèrent leur roi Louis Capet, dit Louis XVI. S’ensuit après ces révolutions, des tas d’autres révolutions : le changement de l’Europe par Napoléon, la révolution belge, la révolution ferroviaire, la révolution industrielle et scientifique.

En 1840 le boom ferroviaire changea toute l’agriculture, la politique, le social, en bref, le monde humain. Ce boom n’était rien d’autre que la conséquence de la Renaissance, ce qui permit aux hommes d’entreprendre la science de manière plus ouverte.

À la Renaissance, Copernic, Galilée et Newton qui étaient docteurs en philosophie révolutionnèrent la science à un tel point que cette dernière était passée de la « plate » à la « sphérique » (on parle alors de révolution copernicienne). La science avait besoin d’avoir un nouveau raisonnement, une nouvelle dialectique, une nouvelle approche que le christianisme n’accepta pas. Ce raisonnement avait été mis en avant à la Renaissance par les humanistes et, eu par la suite, conquis les cœurs des hommes pour enfin devenir une discipline respectée. Cette possibilité ne pouvait avoir lieu sans la philosophie antique, qui, je le rappelle, permit d’élever l’esprit de l’homme. Et ainsi aboutir en 1840 au boom ferroviaire. Cette révolution ferroviaire favorisa l’expansion idéologique naissante qui était celle de la révolution industrielle et, par conséquent, la révolution scientifique (qui est une suite de la révolution copernicienne).

Quelques années avant cela, il y eut un certain nommé Emanuel Kant qui, par sa métaphysique, retourna la philosophie ou plus précisément, apporta une nouvelle manière de voir les choses. Ce retournement philosophique s’appellera alors : la seconde révolution copernicienne. L’esprit des intellectuels subit une transformation telle que la science elle-même fut changée et par conséquent, hormis d’avoir été une étape supplémentaire de la philosophie, elle fut également le déclencheur d’une nouvelle vision scientifique.

Mais la philosophie nouvelle n’est qu’un remake de la philosophie antique. Le premier étant le précepteur du « comment penser » permit, à travers la Renaissance, de faire un bon grandiose en l’espace de quelques siècles, pour enfin atteindre la nouvelle pensée qui fut le déclencheur de toute révolution moderne. Nous passèrent donc du « comment penser » à « comment produire ».

Mais voilà qu’après un certain moment philosophiquement silencieux, la tempête se préparait encore à frapper pour faire place aux cœurs des hommes encore cette emprise totale du vice. La philosophie qui était le guide vers la vertu commença à être écartée de plus en plus, et plus elle s’éloigna, plus les hommes légitimèrent la haine envers eux-mêmes. On ne pensait plus l’amour des vertus, qui permettait aux hommes de penser le bien morale, mais l’on pensait plutôt la richesse, la gloire, la puissance, etc. Tout ce que la philosophie avait tenté d’écarter pendant des milliers d’années, l’homme en l’espace de quelques générations l’a installée. Et c’est ainsi que les préparatifs de la Première Guerre mondiale furent menés à terme guettant la moindre petite erreur pour lancer une guerre détruisant pays et valeurs. L’homme n’a jamais été aussi barbare pendant la Première Guerre mondiale que pendant toute son histoire. Et si l’on fait le parallèle avec la philosophie, on pourrait dire que l’homme n’a jamais été si loin de la philosophie que pendant cette période.

La misère laissée par cette guerre ne permettait pas au monde de se pencher vers le bon vivre, la philosophie, mais se permettait d'aller vers l’économie, la politique toujours de plus en plus vicieuse, pour réparer les dégâts et, en Europe penser la faim, et en Amérique penser la bourse. L’un comme l’autre ne pensait plus l’amour de la vertu. C’était aussi le début du libéralisme et du capitalisme surtout en Amérique.

S’ensuivit, comme tout le monde le sait, la Seconde Guerre mondiale qui réduisit toute l’Europe centrale et le Nord-Est de l’Europe en cendres. Suite à quoi, pour réparer les dégâts, les Européens de l’Ouest s’endettèrent chez les Américains et l’Europe de l’Est chez les Soviétiques. Ce qui d’une part fermait les Européens de l’Ouest vers une idéologie capitaliste et de l’autre part vers une idéologie communiste. L’un et l’autre refusaient la philosophie : l’un divertissait tellement ses citoyens par des besoins artificiels que celui-ci refusait de donner du temps à la philosophie et de l’autre côté, cette dernière était interdite (mis à part le stalinisme qui était une philosophie interne). Pour finir, après la chute du mur de Berlin, il y eut un choc culturel qui dura quelques temps. Puis, l'Allemagne et certains autres pays de l'ex-URSS devinrent capitalistes. Seuls certains pays de l’ex-URSS gardèrent la même ligne que la Russie. Mais, ni eux et ni la Russie ne purent échapper à la mondialisation et à l’esprit mercantile.

Nous pouvons donc constater qu’au début de l’Antiquité, au début de l’Empire romain, au début du christianisme, à l'age d'or du monde musulman et pour finir à la Renaissance, la philosophie antique, c’est-à-dire le paganisme fut le berceau de la pensée et également la mère de toutes actions. Ce fut également à ce moment-là que les hommes eurent plus de respect les uns envers les autres. Et qu’au contraire, les époques où la philosophie de l’Antiquité fut plus écartée, la barbarie de l’homme fut plus forte.

La lumière du paganisme, qui jadis donnait une loyauté inébranlable à l’homme envers la vertu, fut remplacée par des principes réformateurs qui n’ont de cesse de se transformer de jour en jour, tout comme les désirs vicieux de l’homme, pour bousculer, mélanger les valeurs vertueuses et pour ainsi empêcher l’homme de la rue de se concentrer sur l’essentiel. L’archaïsme est même devenu péjoratif tout comme l’Antiquité. Ce progressisme moderne, imposant le nouveau comme meilleur, a subitement détruit l’envie d’aimer la philosophie qui reste assez archaïque et conservatrice. Il n’y a rien de pire pour les réformateurs que la tradition. Or, la philosophie antique en est une. Donc pour la modernité qui refuse tout archaïsme, la pire des choses, c’est la philosophie antique, celle qui était pur amour pour la vertu. De nature, la modernité guide l’homme à l’opposer de la sagesse.

Le progressisme a aussi changé la valeur du bon, du beau et du juste. Jadis, avec une pensée traditionnelle, le bon était l’expression du bien moral, le beau était l’expression de la nature, et le juste était l’expression de la dialectique, qui, tous les trois, étaient l’expression du Logos. Tandis qu’en notre époque le bon, le beau et le juste ne sont qu’affaire d’égocentrisme. Ce que l’Antiquité apportait, c’était une vision du monde où l’homme n’était qu’une partie d’un tout, quant à la modernité, elle apporte une vision plus pessimiste où le monde n'est qu'une partie de l’homme. Cette relation entre l’homme et le monde, qui permettait à l’ancien d’être civilisée(l’Âge d’Or de la civilisation, c’est l’Antiquité) fait place à une nouvelle barbarie où l’homme stupide est mieux apprécié que l’homme savant.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, plus que jamais, certains intellectuels commencent à critiquer la modernité, jusqu’à en avoir une aversion et une répulsion totale. Le discours du progressisme, du réformisme et du modernisme devient de plus en plus obsolète et commence à se faire voir fragile. Les hommes commencent à se tourner vers le traditionalisme, le conservatisme et le nationalisme (protection de valeurs au lieu de réforme systématique des valeurs). Donc, ce fantasme archaïque qui domine périodiquement l’homme, celui qui cherche la vertu, commence de plus en plus à se faire sentir dans les cœurs de visionnaires, c’est-à-dire de ceux qui ne voient pas un futur convaincant.

Ainsi, aujourd’hui, notre époque qui est construite sur l’héritage de tant de guerres (les plus grandes) égocentriques et de vices se voit décerner la médaille du moment le plus philosophiquement fragile. Il n’y a eu dans toute l’histoire aucune période si loin du paganisme. Serait-ce la prédiction d’une nouvelle ère barbare ?

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